L'analyse de protéines agissant comme des suppresseurs de tumeurs permet souvent de mettre à jour des processus de régulation inédits. CYLD, une protéine associée à une maladie génétique causant un cancer de la peau n'échappe pas à cette règle. Les bases moléculaires et cellulaires de la cylindromatose familiale, une maladie génétique rare caractérisée par l'apparition de tumeurs cutanées durant la vie adulte restent obscures. Le gène touché,
CYLD, code pour une enzyme de la famille des
déubiquitinases qui régule plusieurs voies de signalisation, dont la voie NF-κB. Bien qu'un dérèglement de cette voie puisse être à l'origine du développement des tumeurs, d'autres mécanismes sont envisageables, dont un nouvellement découvert. En collaboration avec le laboratoire d’Anne-Marie Tassin (CNRS, Gif-sur-Yvette), Gilles Courtois de notre laboratoire, a en effet montré que la protéine CYLD régule positivement le processus de ciliogenèse. Dans ce processus, le cil, un appendice cellulaire présent sur la quasi-totalité des cellules de notre organisme, se forme à la surface de la cellule (
Figure) où il participe à la réponse au milieu environnant. En cas de dysfonctionnement ciliaire, la cellule présente une prolifération dérégulée ; une transformation de type cancéreux peut en résulter. Un dérèglement à ce niveau dû à des mutations du gène
Cyld représente donc une nouvelle piste potentielle à explorer dans l'étude du développement des tumeurs chez les patients atteints de cylindromatose.
Ce travail illustre l'intérêt d'étudier en détail la fonction de protéines causant des maladies rares, notamment celles associées à un processus cancéreux.
A - Cils motiles observés au niveau de la trachée d’une souris sauvage, et
B - d’une souris exprimant une forme mutée de CYLD.
Les
déubiquitinases sont impliquées dans diverses pathologies inflammatoires, cancéreuses ou de dégénérescence neuronale mais leurs fonctions et leurs cibles restent peu décrites. Nous étudions leur rôle dans l’inflammation et l’oncogenèse.